Emile Magre – responsable du collège

Dans le cadre du P’tit Saint Bernadettien – journal de l’établissement qui existe depuis 10 ans, à parution interne trimestrielle, voici un zoom sur Emile Magre – responsable du collège Ste Bernadette  et  professeur de mathématiques – qui part à la retraite fin juin.

Questions préparées et posées  par Katia, Dylan et Romain  – élèves de 5èmes.

Propos retranscrits par Claudine Vigneau – éducatrice,  créatrice  et responsable du journal le P’tit Saint Bernadettien .



Depuis combien de temps êtes-vous à Sainte Bernadette ?

«  Je suis dans les Ets Sainte Bernadette depuis 37 ans, soit depuis 1974. Arrivé par hasard, après mes études, pour le remplacement d’un prof de maths, je suis resté par conviction. Avant de commencer ma carrière d’enseignant ici, j’ai été à l’école longtemps mais, tous les étés, à partir de l’âge de 15 ans, pendant mes vacances scolaires, je travaillais : j’ai chargé et déchargé des bateaux sur le port de Bayonne,  j’ai fait le tour de l’Europe en camions : de très belles expériences qui me motivaient pour travailler en classe à la rentrée de septembre. Il y a 20 ans, j’ai connu aussi l’apiculture avec un « sage » passionné de nature et c’est devenu une passion, un passe-temps ».


Pourquoi avoir choisi ce métier et qu’est-ce qui vous a motivé, pendant toutes ces années, à faire ce travail ?

« Très belle question. Je pense que j’ai toujours été attiré par ce métier que j’ai découvert ici. C’était ma vocation, même si je voulais devenir paysan car j’aimais et j’aime la terre, la travailler.

Etre enseignant est un métier extraordinaire, surtout auprès de jeunes qui ont des difficultés  dans leur scolarité avant de venir dans notre Maison. Quoi de plus beau que de voir un jeune qui n’avait pas confiance et des résultats médiocres, reprendre confiance, travailler et quitter l’établissement avec un diplôme en poche ? Dans cette structure, les jeunes nous  rendent énormément à partir du moment où ils ont confiance en eux. On peut suivre leur évolution sur plusieurs années. Et puis, une des caractéristiques de Ste Bernadette, ce sont les anciens élèves qui reviennent souvent nous voir, qui écrivent des témoignages pour le blog… Certains même travaillent ici depuis des années comme éducateur ou autre… car, être passé par Sainte Bernadette, leur a apporté beaucoup à tous, mais ils nous ont aussi beaucoup apporté à nous les adultes qui travaillons dans cette belle école »


Quels sont vos meilleurs souvenirs ?

«  Des centaines et des centaines de très bons souvenirs. J’ai en tête tous ces jeunes que j’ai eu en classe il y a quelques années, ils étaient  en   difficultés scolaires, mais à force de travail et de persévérance, ces jeunes ont réussi, et décroché leurs diplômes , ils ont trouvé du travail…

Un autre exemple : quand j’ouvre mon journal au mois de juillet, lors des résultats d’examens et que je vois tous les noms des élèves qui ont décroché leur diplôme du Brevet, du CAP ou du BEP.

Les anciens élèves qui avaient réalisé un banc et d’autres ouvrages qu’ils m’ont offerts… que j’ai toujours chez moi d’ailleurs.

Un autre très beau souvenir : la chorale et toutes les tournées que nous avons faites : à Paris, à Rome devant le Pape Jean Paul II. Ce sont des souvenirs extraordinaires. Grâce au chant, les jeunes reprenaient confiance en eux, ils se dépassaient sur scène, apprenaient par cœur de longs textes, un peu comme vous le faites maintenant avec l’atelier théâtre.

Tout récemment, un excellent souvenir : le greffage des arbres fruitiers, avec le club nature du mercredi, dans le verger de l’établissement planté par d’autres anciens élèves, toujours dans le cadre de la protection de l’environnement ».


Quels sont vos mauvais souvenirs ?

« L’incendie d’une partie du château, en 1985.    C’était un vendredi de départ en vacances, en fin de journée. Une grande partie de la soirée et de la nuit, avec l’aide des pompiers de Mourenx et de Navarrenx, nous avions lutté pour éteindre les flammes. Par la suite, les jeunes scolarisés à l’époque, les adultes mais aussi des Compagnons du Tour de France et des étudiants des Beaux Arts avaient travaillé dur, pendant les vacances notamment, pour restaurer et redonner vie aux parties endommagées, aux charpentes, aux plafonds… Pendant la restauration, on mangeait dans des préfabriqués situés dans la cour, le CDI actuel avait été transformé en dortoir pour héberger les élèves internes. Tous ces artisans nous ont redonné un château magnifique.

A cette époque, les lieux de vie que vous connaissez maintenant ont été construits pour remplacer les grands dortoirs.  Cette année-là une grande solidarité liait tout le monde et les résultats aux examens du CAP, du BEP et du Brevet avaient été exceptionnels ».


Qu’allez-vous faire à la retraite?

«  Tout d’abord, je vais voyager, être libre de mon temps pour commencer. Puis, j’envisage de faire partie d’associations qui œuvrent pour les enfants,  en difficultés, afin d’aider ces jeunes à faire leur devoirs, par exemple. Je vais aussi cultiver mon jardin, m’occuper de mes arbres et de mes abeilles  et donner de mon temps à ma famille ».


Qu’est ce que ça vous fait de quitter Ste Bernadette après tant d’années ?

« Ce sera difficile car je suis très heureux ici, parmi vous. J’aime beaucoup travailler à Ste Bernadette, être au contact des jeunes car ils m’ont donné et me donnent beaucoup en retour, mais… il faut bien partir un jour. Quitter Sainte Bernadette c’est aussi quitter la richesse de cœur de tout le personnel qui est tellement attaché à votre réussite. Vous allez tous petits et grands, me manquer ».


Etes-vous fier de votre aventure dans la Maison Sainte Bernadette ?

«  J’en suis très fier, oui. C’est une très belle histoire. Avec beaucoup d’autres enseignants qui sont partis à la retraite eux-aussi et d’autres qui sont encore en activité, avec tous les éducateurs et les éducatrices, nous avons fait beaucoup de choses pour cet établissement. Il y a longtemps, il existait déjà un collège à Ste Bernadette dans lequel j’enseignais, puis, ce collège a disparu et nous l’avons rouvert il y a quelques années. C’est une boucle, j’ai commencé au collège et j’y termine ma carrière ».


Reviendrez-vous pour la Course ELA ?

« Si vous m’invitez, oui avec plaisir. J’ai fondé la course ELA avec Jean-Pierre Désirée – professeur de sports à la retraite – il y a 13 ans. Ensemble, nous avons eu l’idée de faire quelque chose autour de l’association ELA, autour du sport. Avec un groupe de collègues, nous sommes allés voir les différents maires des communes du canton, 22 communes au total… Tous ont accepté pour la bonne cause, en récoltant des dons au profit de cette association dont Zidane est le parrain. Puis nous avons fait la connaissance d’Hugo qui vient chaque année, avec sa maman Marie, pour ce temps fort qui est  pour lui, le plus beau jour de l’année ».

Voir aussi l’article paru sur Emile dans le journal Hebdo Plus Pau du 10 juin 2011 en page 5 sur ce lien  ici